"L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche."

Robert Desnos,
Langage Cuit, 1923.

vendredi 1 juin 2012

Une vie nouvelle

Il n'est pas facile de survivre au mol effondrement du sarkozisme...

Ce pauvre monsieur Guaino ne viendra pas me contredire, qui, à propos du démis président, a déclaré dimanche sur France 5 :

Je ne me sens pas orphelin, je ne cherchais pas un père en politique mais il me manque, oui.

Actuellement, notre homme chercherait plutôt, dit-on, à recycler son immense talent à l'Assemblée Nationale. Vanessa Schneider, « envoyée spéciale aux Clayes-sous-Bois, Yvelines » pour le quotidien Le Monde, en brosse un délicat portrait en « conseiller lyrique devenu candidat empoté » :

Dans cette circonscription en or, où plus de 63 % des électeurs ont voté Sarkozy au second tour de la présidentielle, M. Guaino peine à trouver ses marques. Pendant cinq ans, il a bénéficié d'un secrétariat, d'une voiture de fonction et d'un magnifique bureau à l’Élysée. Voilà aujourd'hui ce Parisien du 7e arrondissement dans le RER, un peu désorienté, pour rejoindre une poignée de militants. Sa permanence électorale, dénichée à la va-vite, n'a pas l'électricité. Sa petite équipe doit se mettre à la recherche d'un nouveau local.

On peut s'attendre au pire si un jour cet homme devait se rendre à un rendez-vous chez Pôle Emploi...

Pour l'instant, il est encore sous le choc :

Henri Guaino est ému. "C'est toujours difficile de démarrer une campagne, c'est toujours difficile de commencer une nouvelle vie, murmure-t-il. Il n'est jamais simple de tourner une page comme celle que je viens de tourner."


La photo date du 29 avril 2012, 
et déjà le vagalame s'est installé...
(Thomas Samson, AFP-point-com.)

Grand lecteur, monsieur Guaino ne doit pas ignorer qu'il aborde là le grand thème universel de l'Incipit vita nova...

In quella parte del libro de la mia memoria dinanzi a la quale poco si potrebbe leggere, si trova una rubrica la quale dice : Incipit vita nova.

Ce que Max Durand Fardel - Paris, 1898, en ligne sur le site du Project Gutenberg - traduit par :

Dans cette partie du livre de ma mémoire, avant laquelle on ne trouverait pas grand'chose à lire, se trouve un chapitre (rubrica), ayant pour titre: Incipit vita nuova (Commencement d'une vie nouvelle).

Depuis Dante, de nombreux plumitifs ont brodé sur ce thème de l'accession à une vie nouvelle, et beaucoup trop, à mon goût, en adoptant le ton geignard et faussement digne d'Henri Guaino... J'en possède déjà une belle collection, et j'espère que notre auteur me permettra un jour de la compléter.

J'ai d'ores et déjà passé commande.



6 commentaires:

  1. Ne soyons pas trop sévère avec lui. A son âge, 55 ans, c'est difficile de se reconvertir et d'apprendre à chercher du boulot quand on ne l'a jamais fait. Surtout quand on sait qu'en France, si l'âge officiel de la retraite, celui réel commence généralement avant 55 ans.

    Ayons pitié de ce pauvre diable voyons et essayons de ne pas nous réjouir à l'idée qu'il pourrait se retrouver chômeur en fins de droit si le boulot pour lequel il postule ne marche pas. Et non plus, on ne croise pas les doigts pour qu'il se fasse jeter par les urnes (mais ça c'est parce qu'on ne peut pas faire grand chose avec les doigts croisés).

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  2. Je ne me fais pas trop de soucis pour lui.

    En fait, je n'attends plus que la publication de ses mémoires, d'outre-tombe ou préposthumes, je ne sais.

    Ce sera une surprise.

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  3. J'aime bien la première citation ("Je ne me sens pas orphelin...") ; on la dirait faite pour un fabricant de divans, solides, de luxe, assortis à la coiffure en sucre glace du client et à la durée prévisible de la cure.

    J'aime beaucoup l'expression des efforts surhumains déployés par Henri pour lire des pages blanches tournées sans électricité : c'est tragique et il ne le sait pas.

    J'aime par-dessus tout, mais peut-être est-ce un leurre à moi, le très personnel ("In quella parte...") caché, façon Lettre volée, en plein milieu du très public Guaino.

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  4. Henri en exhibitionniste façon "Lettre volée"...

    Yadsa, comme on dit dans ma campagne.

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  5. "Cest toujours difficile de commencer une nouvelle vie", ben ouais, sûrement,
    surtout avec une ancienne à la Guaino ...

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  6. Et c'est toujours un peu plus facile quand on a vraiment choisi...

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