"L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche."

Robert Desnos,
Langage Cuit, 1923.

jeudi 4 octobre 2012

Plus c'est gros...

Il est probable que l'intelligence humaine soit largement perfectible, mais il semble encore plus probable que l'humanité n'use que très parcimonieusement de cette possibilité.

En témoigne, notamment, la persistance, dans le domaine de la pensée dite scientifique, de bon nombre de fadaises en forme d'inepties.

Sur son site personnel, Richard Lynn, psychologue, diplômé de Cambridge et professor emeritus de l'université d'Ulster, indique, dans la présentation de ses travaux, quelles grandes découvertes il a faites concernant la délicate question de l'encéphale féminin et de l'intellect de même genre qui lui est associé.  

Ses travaux sur l'intelligence et la taille du cerveau l'ont amené, dit-il, à prendre en considération le fait que les femmes ont des cerveaux plus petits que ceux des hommes, et ce constat vaut même en tenant compte de la moindre corpulence de ces pauvres femmes. Il en découle, selon les règles d'une logique imparable, que les hommes doivent avoir, en moyenne, un QI plus élevé que les femmes, alors que l'on affirme généralement qu'hommes et femmes ont les mêmes QI moyens... Face à ce grave problème, Richard Lynn a proposé, en 1994, la solution : les filles mûrissant plus vite que les garçons, l'infériorité du QI moyen féminin se trouve ainsi compensée. Ce n'est qu'en apparence, sans doute, car, à partir de 16 ans, les garçons emportent largement le morceau, et à l'âge adulte, les hommes ont, en moyenne, un QI plus élevé d'environ 4 points que les femmes. Enfin il précise qu'il a montré, dans deux études de 2004 et 2005 menées en collaboration avec Paul Irwing, que, si la différence hommes/femmes est de 5 points de QI dans l'ensemble de la population, elle tombe à 4,6 points pour celle des étudiant(e)s de l'université...

Je suppose que les articles de cet éminent chercheur sont d'une rigueur irréfutable. Il parle, pour les deux derniers, de « two meta-analyses of sex differences on the Progressive Matrices », ce qui en impose, forcément - mais il ne s'agit que des «  matrices progressives de Raven », prétendu outil de mesure de l'aptitude intellectuelle générale. On ne sait s'il a développé une sorte de quotient de maturité, mais on lui fait confiance. Son résumé suffit à faire comprendre que la portée de cette découverte est immense : si l'on approfondit un peu cette histoire de moyenne, et si l'on s'en tient au domaine de la confirmation des fausses idées reçues qui semble être le sien, on est bien obligé de convenir qu'elle explique parfaitement pourquoi les petites filles trouvent que les garçons sont bêtes, mais bêêêêtes...

Allégorie de l'esprit scientifique.
(Image piquée au Jura Libertaire.)

Non content de s'intéresser au volume encéphalique des dames, Richard Lynn s'intéresse également à la longueur pénienne des messieurs, lorsque ces messieurs sont dans de bonnes dispositions. Il a récemment publié un article dans la revue Personality and Individual Difference, intitulé Rushton’s r–K life history theory of race differences in penis length and circumference examined in 113 populations, qui était annoncé pour le 12 mars 2012. La presse vient tout juste de s'en faire l'écho, en ne retenant que les mensurations moyennes des diverses virilités nationales. S'il est fait état de quelques critiques - Jelte Wicherts, professeur à l'université néerlandaise Tilburg, qui estime que cet article n'aurait jamais dû être publiée -, seul Quentin Girard, dans le Next de Libération, met le doigt sur l'imposture : pour établir ses données, Richard Lynn se serait contenté de consulter, sur internet, une carte mondiale des performances érectiles de l'humanité mise en ligne sur le site everyoneweb...

Les blagues de vestiaires ont toujours beaucoup de succès.
(Copie d'écran de The Telegraph.)

Quentin Girard suggère également dans quel but Richard Lynn a pris en considération cet ensemble de données non vérifiables. Il s'agissait pour lui, ainsi que le titre et le résumé de son article l'indiquent, de proposer une nouvelle confirmation des théories de son confrère en psychologie, le professeur J. Philippe Rushton, de l'université de Western Ontario, au Canada. Il a pour celui-ci une admiration qui semble sans borne, allant jusqu'à déclarer - c'était dans The Spectator, mais je n'ai pas la date -, que « s’il y avait une justice, il devrait recevoir le prix Nobel ». Comme lui, il a fait définitivement l'économie d'une remise en question de la notion de race, travaillant plutôt à l'affermir par des études orientées sur les  différences, diverses et variées, que l'on peut relever au sein de l'espèce humaine.

On peut se faire une idée des théories ouvertement racialistes, et accessoirement eugénistes, du professeur Rushton, en suivant un lien de sa notice Wikipedia menant tout droit à la version française de son ouvrage de 1995, Race, Evolution, and Behavior. Cette seconde édition, que l'on nous dit spéciale et abrégée, a été publiée par le Charles Darwin Research Institute, qui en assure une active promotion en toutes langues.

La race va bien au-delà de la couleur de la peau affirme d'emblée le titre du premier chapitre, qui précisément annonce la couleur avec ce préambule :

La race est-elle une réalité ? Les races diffèrent-elles par leurs comportements et non pas seulement par leur physique ? Ces idées sont-elles seulement le résultat du racisme blanc ? La science moderne révèle qu'il existe pour les différences raciales un modèle à trois voies concernant à la fois les caractéristiques physiques et le comportement. En moyenne, les Orientaux ont une maturation plus lente, ils sont moins fertiles, moins actifs sexuellement, moins agressifs, et ils ont un cerveau plus gros et un QI plus élevé. Les Noirs sont à l'opposé. Les Blancs se situent entre les deux, mais plus près des Orientaux que des Noirs.

Avant d'aborder le vif de son sujet, J. Philippe Rushton nous livre quelques réflexions à propos d'un livre de Jon Entine,intitulé Taboo : Why Black Athletes Dominate Sports and Why We Are Afraid to Talk About It - Un tabou : pourquoi les athlètes noirs dominent le sport et pourquoi nous avons peur d'en parler. Il nous donne ainsi un aperçu de la puissance de son raisonnement scientifique :

Les différences raciales se manifestent très tôt dans la vie. Les bébés noirs naissent une semaine plus tôt que les blancs, et pourtant leur développement osseux montre que leur maturation est plus avancée. Vers cinq ou six ans, les enfants noirs excellent en sprint, en saut en longueur et en saut en hauteur, toutes disciplines qui demandent une brève explosion de puissance. À l'adolescence, les Noirs ont des réflexes plus rapides, comme dans le bien connu réflexe rotulien.

Les est-Asiatiques courent encore moins bien que les Blancs. Les mêmes différences de largeur de hanches, de longueur de jambes, de masse musculaire et de niveau de testostérone qui donnent aux Noirs l'avantage sur les Blancs donnent aux Blancs l'avantage sur les est-Asiatiques. Mais admettre ces différences génétiques entre races dans le sport conduit au grand tabou de la différence entre races en ce qui concerne le volume cérébral et la criminalité. Et c'est pourquoi il est tabou de dire que les Noirs sont meilleurs dans beaucoup de sports.

La raison pour laquelle les Blancs et les est-Asiatiques ont des hanches plus larges que les Noirs, et courent donc moins bien, tient au fait que leurs bébés ont un cerveau plus gros à la naissance. Pendant l'évolution, l'augmentation du périmètre crânien a imposé aux femmes un bassin plus large. De plus, les hormones qui confèrent aux Noirs un avantage en sport les rendent agités à l'école et plus facilement enclins au crime.

La suite va encore plus loin, il semble...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire