"L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche."

Robert Desnos,
Langage Cuit, 1923.

samedi 6 octobre 2012

Un sapeur et la pompe manouche

Son goût immodéré pour le costard trois pièces aurait pu faire de James Carter un fort présentable membre honoraire de la SAPE, la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes, dans un style assez proche de la version originelle, classieuse, du fondateur Christian Loubaki, dit Enfant Mystère.

Mais James Carter est surtout connu comme musicien de jazz, pratiquant en virtuose les diverses variétés de saxophones, y compris un exotique mezzo-soprano en fa, ainsi que quelques clarinettes. En 1993, la sortie aux États-Unis de son premier disque, JC on the Set, paru l'année précédente au Japon, attirait sur lui l'attention du public et de la critique. On louait à qui mieux mieux sa technique époustouflante, son éclectisme musical et l'étendue de sa culture jazzistique. Par la suite, l'engouement retomba nettement, et désormais il se dit couramment qu'après tout, ce n'était qu'un frimeur...

Surdoué qui en fait trop, mais dont on sait pouvoir attendre plus, James Carter peut, à l'occasion, décevoir, c'est vrai. Il faut dire, cependant, qu'il est beaucoup plus fréquent qu'il étonne.

Son Chasin' the Gypsy, paru en 2000 chez Atlantic, est un hommage à « notre » Django Reinhardt, bien inattendu de la part d'un musicien jugé si évidemment« noir américain ». Il a surpris tout le beau monde blasé des jazzophiles...

(Et moi donc ! Je me souviens encore du frisson suscité par son interprétation de Nuages au saxophone basse et sur un rythme de tango...)

Depuis lors, James Carter continue à rendre fréquenter fidèlement les parages de  Django Reinhardt et à caler ses improvisations sur la pompe manouche.

En 2010, il était au festival de Samois-sur-Seine, pour fêter le centième anniversaire de la naissance du guitariste. On peut l'entendre, sur la vidéo suivante, improviser sur J'attendrai, la scie musicale de 1937 - paroles de Louis Poterat et musique de Dino Olivieri - qui avait été reprise, comme par tout le monde, par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, mais en version swing... Il est en compagnie de Bireli Lagrene et du trio Rosenberg - Stochelo, Nous'che et Nonnie.


Durant ce même festival, il a été filmé, sapé comme un estivant, se joignant à d'autres musiciens de passage pour faire le bœuf dans un camping.

Il en reste, sur la toile, ces deux vidéos :






Demain, 7 octobre, jour de la Roma Pride, James Carter sera à la Cité de la musique, pour un concert donné dans le cadre du cycle Django Reinhardt qui s'y déroule du 3 au 9 octobre, et en marge de l’exposition Django Reinhardt, Swing de Paris qui s'y tiendra du 6 octobre au 23 janvier.

Il sera en compagnie d'Evan Perri à la guitare, Gerard Gibbs au piano, Ralphe Amstrong à la basse, Leonard King à la batterie et de son invité spécial, David Reinhardt, petit-fils de Django, à la guitare.

Ce concert sera diffusé en direct sur www.citedelamusiquelive.tv/ et www.arteliveweb.com


Ajout du 8 octobre : Le concert est maintenant en ligne sur Arte live Web, et c'est à vous de juger...

2 commentaires:

  1. Complètement incompétente en jazz (les décennies passant, j'y vais encore au feeling), j'écoute Carter comme une musique qui peut se permettre (sans plus) des inattendus un peu convenus.

    Par contre, j'aime beaucoup la jam-camping, paquet de chips sous la table, verres en plastique, pâtée industrielle goût noisette + bouteille de bordeaux non-débouchée jusqu'à la fin (deux scandales !), assistance de quidams pas apprêtés, corps relâchés comme en vrai, souriants. Mais qui ne gambadent pas, ne sachant trop quoi faire avec la présence gratuite de ces pointures parmi eux — tout le contraire du protocole du spectateur : se déplacer, payer, s'habiller pour, rester en contrebas, applaudir au bon moment, rester sage.

    J'aurais bien frôlé sans le faire exprès le type vers la gauche derrière l'harmonica, en polo bleu, attentif à ne pas bouger sauf la nuque (cliquez pour désactiver), qui surveille sans voir, absent, enregistrant sur son portable en vue du pour-après.

    J'aurais bien invité à danser sur le feu ronflant des guitares, quand il fait une pause, le joueur d'harmonica inspiré (c'est qui ?), pour lui relancer la balle que son jeu nous envoie.



    RépondreSupprimer
  2. Ton feeling est très sûr, car c'est bien l'impression donnée par Carter en concert, dimanche.

    Mais, en sortant, après avoir applaudi, on se dit que le m'as-tu-vu nous a encore noyé sous sa musique heureuse et généreuse comme on s'y attendait.

    (J'ignore tout de cette jam-camping... Mais je sais que toutouille03, qui a posté les vidéos, remercie Corinne et Roland.)

    RépondreSupprimer