Histoire sans doute de nous changer des bredouillis prémonitoires de monsieur Gérard Longuet, l'une des premières déclarations du nouveau ministre de la Défense a rendu hommage à François Morvan, disparu le 19 mai. Ce n'est que par la suite, et juste à temps pour les obsèques, qu'est venu le communiqué assez creux du ministère de la Communication – qui fait aussi la Culture.
Selon Ouest-France, monsieur Jean-Yves Le Drian, par ailleurs président du Conseil de régional de Bretagne, aurait déclaré, samedi, en apprenant la nouvelle :
Ajoutant, pour se montrer connaisseur :
« Plus jamais la polka joli coucou ne sera pareille ! »
Notre ministre défenseur de la « culture populaire bretonne » aurait pu ressasser le lieu commun habituel et se contenter de dire que, sans les frères Morvan, la polka Joli coucou serait maintenant, comme une bonne partie du répertoire de kan ha diskan de leur région, totalement oubliée... Sa formule passe-partout possède au moins le mérite de laisser entendre que François Morvan a fait partie, avec ses frères, d'un groupe de chanteurs d'un talent exceptionnel.
Formellement le kan ha diskan est une technique vocale permettant à un groupe d'au moins deux voix, en général de même tessiture, de produire, en se relayant d'une phrase sur l'autre, un chant continu. On peut imaginer que la mise en place de ces reprises, sur un rythme de croisière bien accentué et plutôt rapide, exige une cohésion sans faille de la part des interprètes. Et on devine que cette exigence est renforcée du simple fait que les chants du kan ha diskan, s'ils racontent une histoire, tragique, héroïque, drôle ou même paillarde, sont avant tout des airs à danser. Ils servent à guider ce que le touriste indifférent désigne indifféremment sous le nom de "gavottes" - dénomination qui a été reprise vernaculairement, alors que se sont maintenus, chez les bretonnants éclairés, des termes plus justes. A toute première vue, superficielle et déficiente, ces danses peuvent sembler un monotone piétinement de la chaîne - ouverte ou fermée - des participants... Pour se persuader qu'il n'en est rien, il suffira au néophyte d'entrer dans la chaîne. S'il n'est pas affecté d'arythmie générale irréversible, il devrait sentir que le pas de la gavotte, qui se développe sur huit temps, et comporte un changement de pied d'appui - à un moment variable selon les airs et, m'a-t-on dit, les régions - n'est pas si simplet et, surtout, ne supporte, de la part du groupe vocal qu'il suit si étroitement, le moindre faux départ ou vrai retard.
Pour saluer François Morvan, on aurait pu dire qu'il avait été tout simplement un grand artiste - et de cela les enregistrements qui figurent sur le CD Les frères Morvan - un demi-siècle de kan ha diskan, édité par Coop Breizh, en témoignent amplement.
On préfère recourir à la thématique convenue du « pan de l'histoire de la Bretagne (...) qui disparaît »...
Et l'on va même jusqu'à ajouter une dose d'authenticité rurale :
Certes, on se demande si c'est le ministre qui bredouille à ce point, ou si la transcription de Ouest-France est défectueuse.
Mais on est certain que jamais sur l'estrade François Morvan n'aurait ainsi bafouillé...
Selon Ouest-France, monsieur Jean-Yves Le Drian, par ailleurs président du Conseil de régional de Bretagne, aurait déclaré, samedi, en apprenant la nouvelle :
« Avec le décès de François Morvan, c'est un pan de l'histoire de la Bretagne, une partie de la culture populaire bretonne qui disparaît. »
« Plus jamais la polka joli coucou ne sera pareille ! »
Certes.
Mais « pareille » à quoi ?
Après l'avoir apprise de leur mère Augustine, qui devait la tenir de son père Guillaume, les frères Morvan l'ont chantée à quatre - il y avait Yves, François, Henri et Yvon -, à partir de 1958, dans les festoù noz de la région. Elle est devenue leur chanson la plus demandée, et l'est restée. Ils l'ont interprétée à trois, après la mort de l'ainé en 1984. Quand François a décidé de se retirer, en 1999, les deux cadets ont continué à chanter cette fameuse polka plus jamais pareille...
On les voit ici en donner une belle interprétation, avec le soutien discret des musiciens du groupe Red Cardel :
Mais « pareille » à quoi ?
Après l'avoir apprise de leur mère Augustine, qui devait la tenir de son père Guillaume, les frères Morvan l'ont chantée à quatre - il y avait Yves, François, Henri et Yvon -, à partir de 1958, dans les festoù noz de la région. Elle est devenue leur chanson la plus demandée, et l'est restée. Ils l'ont interprétée à trois, après la mort de l'ainé en 1984. Quand François a décidé de se retirer, en 1999, les deux cadets ont continué à chanter cette fameuse polka plus jamais pareille...
On les voit ici en donner une belle interprétation, avec le soutien discret des musiciens du groupe Red Cardel :
Henri et Yvon Morvan, interprétant Joli coucou
avec le groupe Red Cardell, à Callac (Côtes d'Armor).
Formellement le kan ha diskan est une technique vocale permettant à un groupe d'au moins deux voix, en général de même tessiture, de produire, en se relayant d'une phrase sur l'autre, un chant continu. On peut imaginer que la mise en place de ces reprises, sur un rythme de croisière bien accentué et plutôt rapide, exige une cohésion sans faille de la part des interprètes. Et on devine que cette exigence est renforcée du simple fait que les chants du kan ha diskan, s'ils racontent une histoire, tragique, héroïque, drôle ou même paillarde, sont avant tout des airs à danser. Ils servent à guider ce que le touriste indifférent désigne indifféremment sous le nom de "gavottes" - dénomination qui a été reprise vernaculairement, alors que se sont maintenus, chez les bretonnants éclairés, des termes plus justes. A toute première vue, superficielle et déficiente, ces danses peuvent sembler un monotone piétinement de la chaîne - ouverte ou fermée - des participants... Pour se persuader qu'il n'en est rien, il suffira au néophyte d'entrer dans la chaîne. S'il n'est pas affecté d'arythmie générale irréversible, il devrait sentir que le pas de la gavotte, qui se développe sur huit temps, et comporte un changement de pied d'appui - à un moment variable selon les airs et, m'a-t-on dit, les régions - n'est pas si simplet et, surtout, ne supporte, de la part du groupe vocal qu'il suit si étroitement, le moindre faux départ ou vrai retard.
Pour saluer François Morvan, on aurait pu dire qu'il avait été tout simplement un grand artiste - et de cela les enregistrements qui figurent sur le CD Les frères Morvan - un demi-siècle de kan ha diskan, édité par Coop Breizh, en témoignent amplement.
On préfère recourir à la thématique convenue du « pan de l'histoire de la Bretagne (...) qui disparaît »...
Et l'on va même jusqu'à ajouter une dose d'authenticité rurale :
Chemise à carreaux, casquette sur la tête, grâce à lui le Kan ha diskan est sorti de l'oubli en devenant un hymne si révélateur de l'âme bretonne.
Certes, on se demande si c'est le ministre qui bredouille à ce point, ou si la transcription de Ouest-France est défectueuse.
Mais on est certain que jamais sur l'estrade François Morvan n'aurait ainsi bafouillé...
PS : Je n'ai pas trouvé de vidéo des frères Morvan en trio... Il faut donc imaginer les bras de François sur les épaules de ses deux cadets, et pour entendre sa voix, fermer les yeux et écouter les enregistrements.
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