Voilà pourquoi la dernière grosse colère de monsieur Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet, ne m'a pas échappée.
Monsieur Gilles Bourdouleix, président du CNIP - Centre national des indépendants et paysans - ne doit pas posséder de compte pour touitter, car il ne jouit pas encore de la renommée médiatique qui devrait, en bonne logique, revenir à son tempérament impétueux.
Au tout début du mois d'octobre, après une vive discussion avec des gens du voyage occupant un peu plus qu'un mouchoir de poche sur le territoire de sa bonne ville de Cholet, monsieur Bourdouleix, avocat au barreau de Paris, avait déposé trois plaintes. La première « contre X pour tentative de meurtres », la seconde et « contre Monsieur Valls, ministre de l'intérieur, pour mise en danger de la vie d'autrui en raison du peu d'effectifs de police », et la dernière « contre le Préfet du Maine-et-Loire pour mise en danger de la vie d'autrui pour avoir fait partir les renforts de police ». Je n'ai pas trouvé trace de la réaction de X, et encore moins de celle de monsieur Manuel Valls, mais on peut encore lire celle de la préfecture incriminée :
Le Préfet du Maine-et-Loire dans un communiqué à la presse explique que Gilles Bourdouleix dimanche : "s'est opposé de manière inappropriée à l'entrée des gens du voyage sur l'aire de grand passage qui leur est réservée" et juge que "la responsabilité municipale requiert plus de mesure et de finesse que d'agitation et de bruit".
Et ce matin, donc, Ouest France m'apprit - et en exclusivité, car je suis un lecteur fidèle - que la soupe au lait de monsieur Bourdouleix avait encore débordé :
Nouvelle friction entre le maire de Cholet et les gens du voyage. Ce dimanche matin, 24 caravanes se sont installées zone de l’Ecuyère, derrière Décathlon et Jeanneau. Le groupe arrivait d’Angers, où il a passé deux semaines près du centre commercial Atoll.
Le maire de Cholet n’a pas apprécié ce qu’il qualifie de nouvelle « invasion de gens du voyage ». « Et lorsque je demande que la loi soit appliquée et qu’on évacue ces gens-là, on me répond que ce n’est pas possible », poursuit Gilles Bourdouleix, qui explique vouloir assurer la sécurité des Choletais.
(Ici, Ouest-France place un petit morceau sonore où les Choletais pourront retrouver la voix de leur maire préféré.)
« C’est le principe de l’État socialiste avec un représentant dans le département qui n’a aucun courage, je l’ai déjà dit. Dans ces conditions, je ne vois pas comment je pourrais continuer à exercer mes fonctions de maire et je cesse à cet instant de les exercer. »
Interrogé pour savoir s’il allait envoyer sa lettre de démission, le maire a seulement répondu : « La situation est claire pour moi », sans confirmer. Depuis sa première élection à la mairie en 1995, Gilles Bourdouleix a plusieurs fois brandi la menace de démissionner, le faisant même en 1997.
Il peut le faire, anéfé...
Des renforts de police, ce matin...
(Mais c'était à Pacé, près de Rennes.)
(Photo : Philippe Chérel - Ouest-France.)
On se demande comment peut bien se débrouiller ce pauvre monsieur Bourdouleix, car l'« État "socialiste" » ne manque pas de gendarmes et/ou policiers pour venir en aide aux plus démunis des décideurs face aux diverses « invasions » qui menacent leurs biens. Il suffit pour cela de garder son calme, de déposer la demande et d'attendre que tous les recours soient épuisés. Alors, on peut expulser en toute sérénité.
C'est bien ce qui s'est passé, ce matin, pour les occupants de ce que la presse nomme « le squat de Pacé », où les forces du droit ont débarqué bien avant l'aube, avec bien sûr la discrétion qu'on leur connaît, pour procéder à l'évacuation des lieux...
Les enfants étaient contents : aujourd'hui, pas d'école.
On part en vacances.
(Photo : Karen Faurie - Ouest-France.)
Ce squat s'était établi au printemps, avec le soutien de l'association Droit au Logement, dans une ancienne maison de retraite, la résidence du Parc, située non loin de Rennes. On nous décrivait, à l'époque, « un grand bâtiment de 2 300 mètres carrés inoccupé depuis plus d’un an » où des « migrants » d'origines diverses - « des Tchétchènes, des Roumains, des Géorgiens, des Irakiens, des Africains, des Mongols… » - pouvaient « enfin vivre un peu plus dignement ».
C'est probablement sans aucune malice que la société propriétaire des lieux, la SA HLM les Foyers, envisage de reconvertir cette bâtisse en Cada - Centre d’accueil de demandeurs d’asile -, et c'est sans malignité aucune qu'elle a dû déposer un recours en expulsion devant le tribunal d’instance de Rennes, qui avait donné un délai de quatre mois - soit jusqu'au 15 novembre. Après constat d'huissier de l’occupation effective des lieux, le concours des forces de l’ordre a pu être sollicité.
Il fut accordé, comme on a pu l'apprendre.
Les forces de l’ordre sont arrivées sur place à 4 h 15, et l’accès au site a été bloqué. À 5 h, plusieurs dizaines de gendarmes ont entouré la maison.
Vers 6 h, des renforts sont arrivés sur place afin de procéder à l’expulsion.
La presse a bien sûr fait savoir que tout cela s'était déroulé en toute légalité et en douceur :
La préfecture d'Ille-et-Vilaine assure qu'elle ne laissera personne à la rue. Il sera donné aux migrants évacués un ticket de bus pour rejoindre la préfecture où ils seront orientés vers l'un des 200 logements recensés.
Me voilà rassuré...
Car je sais que l'« État "socialiste" » ne laisserait personne à la rue quand il commence à faire un peu frisquet sur le coup de 4 h 15 du matin...
PS : Communiqué du DAL
Encore une fois, à moins de 4 semaines de l’entrée en vigueur de la trêve hivernale des expulsion, acquise en l’Abbé Pierre, les autorités expulsent depuis ce matin les migrants d’un immeuble réquisitionné à Pacé dans la banlieue de Rennes.
Entre 100 et 200 personnes dont de nombreux enfants en bas âge, en situation régulière, demandeurs d’asile pour la plus grande part, habitaient cette ancienne clinique, réquisitionnée par le DAL Rennes, depuis mai dernier, pour répondre à la grave carence de l’État concernant ses obligations en matière d’hébergement des demandeurs d’asile et des sans abris.
Aucune réelle urgence ne vient justifier cette expulsion autrement que la précipitation des autorités locales à exécuter un jugement d’expulsion devenu exécutoire depuis une semaine, et qui d’ailleurs ne supprime pas le bénéfice de la trêve hivernale.
La clinique était vacante depuis plusieurs années, et si un projet à caractère social avait vu le jour, grâce à la réquisition aucun travaux n’étaient prévus avant plusieurs mois.
Pour la première fois depuis que la trêve hivernale existe, et depuis ce 1er novembre, plusieurs expulsions ont été exécutées. Le Gouvernement aurait-il décidé de s’en prendre à cette mesure protectrice de bon sens, notamment à Rennes ?
Préférant recourir à la mobilisation de nombreuses forces de police, à la location d’hôtels coûteux et précaires pour héberger les expulsés quelques jours,les autorités ont choisi la force pour écraser les plus fragiles.
Nous dénonçons ces expulsions qui traduisent une conception profondément autoritaire et brutale vis à vis des plus fragiles, tandis que le ministère du logement tarde à réquisitionner et tenir ses engagements.
Droit au logement exige le relogement durable et stable de tout les expulsés, et demande au Gouvernement et particulièrement à la Ministre du Logement :
- de faire cesser le viol de la trêve hivernale des expulsions, que jusqu’alors, aucun gouvernement n’avait osé remettre en cause
- de faire respecter les lois : le Droit à l’hébergement de toute personnes sans abris, le Droit au logement opposable
- de réquisitionner massivement les immeubles et logements vacants, comme elle s’y est engagée.
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