Cette sortie interrompit la lecture d'un numéro pas trop ancien du Nouvel Observateur qui traînait dans le vrac des revues de la salle d'attente. Je m'étais attaché à déchiffrer un article passionnant qui m'a livré, dans son introduction, cette intéressante, et même stupéfiante, statistique : il y a, en France, deux fois plus de festivals d'été que de variétés de fromages... Hélas ! je n'ai pas eu le temps de noter les références de cette importante contribution journalistique.
Les fromages de Suisse.
Si parfois, sous la plume de créatifs publicitaires, la Suisse se présente comme « le petit pays des grands fromages », il s'y déroule également des manifestations festivalières et estivales. Mais - ma documentation a des lacunes - j'ignore combien de fromages il y faut pour faire un festival, ou combien de festivals pour faire un fromage...
Du 23 août au 2 septembre se tenait à Saint-Prex, dans le canton de Vaud, la septième édition du St Prex Classics, consacré à la voix, la musique et la danse.
Malgré la présence du grand Murray Perahia, une partie de la presse helvète a préféré faire tout un fromage du « concert conférence » donné par Jacques Attali à la tête du Sinfonietta de Lausanne - pour le concert -, et en compagnie de Darius Rochebin - pour la conférence. Le Sinfonietta devait y interpréter le Concerto pour 2 violons en ré mineur, BWV 1043, de Johann Sebastian Bach, et les Ouvertures des Noces de Figaro et de Don Giovanni, de Wolfgang Amadeus Mozart. Darius Rochebin, quant à lui, devait animer une causerie intitulée Musique et Économie...
Cela devait se passer le samedi 1er septembre, mais je n'ai trouvé ni compte-rendu ni vidéo permettant de se faire une idée de cet événement de la vie musicale.
(C'est dommage, on aurait aimé voir si la gestuelle du chef Attali avait progressé depuis sa prestation avec l'Orchestre Universitaire de Grenoble...)
On pourra cependant constater que notre grand économiste a profité de sa présence en Suisse pour accorder à la presse quelques entretiens. Le plus substantiel a été réalisé par Christophe Passer, qui l'a mis en ligne le 29 août, à 11 h 31, sur le site de L'Hebdo « bon pour la tête ».
On y devine la personnalité musicale de ce maître très éclairé :
Question : (...) Vous n’aimez pas la musique contemporaine ?
Réponse : Il m’arrive tout de même de diriger parfois du Ravel, qui n’est pas tout à fait contemporain, mais presque. Et je ne crois absolument pas que la musique atonale ait le moindre avenir. Pour moi, c’est une impasse. La musique doit renvoyer à la nature. Elle s’inscrit depuis toujours dans ses relations avec des mélodies populaires, même dans ses partitions les plus savantes. La musique atonale, je l’ai écrit il y a longtemps, renvoie au contraire à des conceptions très technocratiques, voire bureaucratiques, de la société. Au moment où elle est apparue, la musique atonale annonçait le régime soviétique.
Mais surtout, le « presque » contemporain de Ravel nous fournit généreusement de quoi penser :
La musique et la finance ont de grands rapports. Ce sont, dans les deux cas, des activités virtuelles, universelles, qui peuvent se développer de manière rapide et créative. Quand je veux voir l’avenir d’un pays, j’écoute où en est sa musique. C’est pourquoi, par exemple, je ne crois pas du tout à l’avenir de la Chine comme force prééminente : elle n’a jamais réussi à nous imposer sa musique. Mais je crois beaucoup à la montée en puissance du Brésil, de l’Afrique, ou de l’Inde, qui ont désormais une présence musicale planétaire absolument incontournable.
La « présence musicale » de Jacques Attali est probablement tout à fait contournable, mais il est certain qu'il aimerait que sa présence médiatique continue à faire quelque « bruit » - « La musique, c’est du bruit mis en ordre. », dit-il...
Aussi le retrouve-t-on, ce lundi, dans Le Parisien, pour un entretien « absolument incontournable » où il nous rappelle que, « face à la crise », en ce « mois de tous les dangers », il connaît, lui, les solutions :
Le rapport de la commission que j’avais produit proposait 316 mesures sans impact budgétaire.
Mais on pense que 316 mesures battues par le chef Attali, ça risque de faire un peu long...
Jacques Attali et un spécialiste des fausses notes.
(Remise du fameux rapport aux 316 mesures.)
PS :Un cadeau, en souvenir de l'époque où arrivaient sur ma platine, et dans le plus grand désordre, les enregistrements de l'intégrale des concertos pour piano de Mozart, par Murray Perahia.
Il est ici avec le Chamber Orchestra of Europe, qu'il dirige dans le dernier concerto pour piano de Mozart, le K 595. C'était en 1991.
(Je n'ai trouvé que deux mouvements...)
Premier mouvement.
Troisième mouvement.
Comment dit-on « incontournable » en français ?
A propos de Mozart, dévoré cette nuit (d'insomnie) le beau livre de Pierre-Jean Jouve, le Don Juan de Mozart, édition Egloff, Fribourg, 1942...,trouvé chez un brocanteur ami
RépondreSupprimerUn livre qui doit être introuvable...
Supprimer(Sauf peut-être dans la Pléiade ?)
eh bien, si tu vas vite sur le net, tu en trouveras un (édition 1942) à 5€50, bien loin des 12 € de mon exemplaire
Supprimerde plus Christian Bourgois l'avait republié, donc ça doit encore se trouver...
Aller vite, c'est me demander beaucoup...
SupprimerAaah, le populaire et ses mélodies naturelles... Attali, c'est bien lui, le type qui a contournabilisé la «force prééminente» des hordes mongoles ?
RépondreSupprimerÇa ne serait pas un peu atonal, cette chose-là ?
SupprimerC'est intéressant d'apprendre que la musique contemporaine se réduit uniquement à la musique atonale...
RépondreSupprimerEt il prétend jouer au chef d'orchestre? C'est Mozart qu'on assassine (pardon, ça m'a échappé)
Il est possible qu'il ait cru lire ça quelque part.
Supprimer(Il lit beaucoup, et très vite, alors il ne comprend pas tout.)
@ Etienne : c'est une conception souvent exprimée par les valets badigeonnés de vernis : si c'est atonal, c'est de la musique contemporaine, et si non c'est de la musique classique.
SupprimerEt c'est ainsi que Ravel devient "presque" atonal.
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